FIGAROVOX/TRIBUNE – Alors que les différents scrutins de 2022 ont montré les divisions de la société française, le vice-président exécutif de Reconquête! détaille les grandes lignes directrices de son parti et réaffirme la volonté du mouvement de conserver, voire de restaurer, l’identité française.
La vie politique française se résumant souvent à des affrontements électoraux et des chocs d’ambition ou de carrière, les questions de fond, touchant aux défis majeurs que notre pays devra relever, passent de plus en plus au second plan. Les forces politiques et les personnalités qui les incarnent se distinguent de moins en moins sur leurs idées mais sont analysées et décortiquées quotidiennement sur leur tactique, leur position – autrement dit le plus souvent, leur posture. Ainsi, on semble parfois oublier ce qui est l’essence de la politique: la vision que l’on développe pour l’avenir – c’est-à-dire la pérennité – de la Cité.
La vision philosophique d’abord, le projet ensuite (prosaïquement le programme) et l’incarnation enfin, c’est-à-dire la personnalité, le candidat le plus à même de le représenter: c’est ainsi, et dans cet ordre, que devrait se définir un engagement.
Si l’on veut échapper à la simple confrontation des personnes et des écuries, il faut donc replacer la doctrine et les idées au cœur. Sinon, il risque de ne rester que les choix marketing, les photos Instagram et les vidéos TikTok. Il ne s’agit pas là d’un excès de purisme ou d’une naïveté incompatible avec l’âpreté du combat électoral, mais simplement de rappeler que la communication ne peut constituer ni l’essentiel ni le moteur de l’engagement politique et par suite, de la mobilisation d’un peuple.
Ce qui fait l’utilité d’un objet politique – qu’il s’agisse d’un courant d’idées, d’un parti ou d’un candidat, c’est sa spécificité, sa capacité à apporter un regard et une réponse qui ne sont pas portés par d’autres.
Si 2,5 millions d’électeurs se sont reconnus dans la candidature présidentielle d’Éric Zemmour, si 130.000 Français ont adhéré à Reconquête !, si de nombreux cadres et élus – comme c’est mon cas – venant d’autres formations politiques ont rejoint ce candidat et ce parti, c’est précisément en considérant que ce qu’il défend ne l’était pas, ne l’était plus ou même ne l’avait jamais été, par d’autres et ailleurs. Si je me suis engagé aux côtés d’Éric Zemmour, si j’ai pris des responsabilités au sein de la direction de Reconquête ! c’est précisément parce que j’estime que ce mouvement défend plus justement, plus clairement, ce à quoi je crois profondément.
Ce serait ainsi une erreur de penser que Reconquête ! n’est qu’une excroissance ou une version alternative du RN ou de LR, au prétexte que – c’est évident – nous partageons des constats et même certaines solutions avec Marine Le Pen ou Laurent Wauquiez. Cette volonté de regard en miroir ne reflète pas la réalité. Cette vision réductrice fait fi de l’essentiel: les idées fondamentales que l’on entend défendre, la philosophie politique qui les sous-tend, c’est-à-dire une certaine vision de l’Homme et de la société.
Une destination entre histoire, culture et aventure pour les amateurs de voyage.
Après des années d’engagement, j’ai appris que ce qui compte le plus est la cohérence. Et j’affirme que Reconquête ! porte le projet le plus cohérent, car il est porté par une vision dépassant le simple cadre politicien: Reconquête ! est le parti de la droite civilisationnelle.
Droite civilisationnelle plutôt que républicanisme désincarné
Reconquête ! s’affirme comme la droite «civilisationnelle», fondant largement sa démarche sur la préservation et plus encore, la restauration de ce qui constitue notre identité française et européenne, puisant ses racines dans la Grèce, la Rome antique et la Chrétienté. C’est dans cette perspective-là que nous combattons l’immigration de peuplement, que nous souhaitons engager une vaste politique de remigration, car la logique exclusivement sécuritaire n’est pas suffisante. L’assimilation d’un grand nombre d’immigrés présents sur notre sol n’est plus possible car, en tout premier lieu, les personnes concernées la refusent.
Nous savons aussi que l’islam revêt une double dimension, spirituelle bien sûr mais aussi politique (la charia constituant une organisation politique et sociale à part entière incluant un Code civil et un Code pénal). Or, dans sa dimension politique, l’islam n’est évidemment pas compatible avec la République comme certains l’affirment avec une confondante légèreté… participant à désarmer moralement nos compatriotes par ce type d’assertion.
Au-delà même de l’aspect religieux ou politique, nous refusons l’islamisation en tant que subversion culturelle de notre société. Nous ne combattrons pas cette modification profonde de nos mœurs en nous réfugiant derrière une conception idéologique, erronée et dévoyée de la laïcité qui ne serait pas la simple neutralité philosophique et religieuse des institutions mais reviendrait à placer toutes les religions sur un pied d’égalité. Si l’on refuse de s’appuyer sur notre identité, nos racines, en reconnaissant clairement qu’on ne peut tirer un signe égal entre le christianisme et l’islam en France et en Europe, il apparaît alors purement défensif, et donc vain, de s’opposer à l’immigration et à l’islamisme en leur opposant le désuet logiciel laïcard d’une République désincarnée qui fut celui de Chevènement avant-hier et même de Mélenchon hier (avant que ce dernier ne soit pris en main par les indigénistes).
Certains affirment refuser l’immigration en se bornant à fustiger uniquement ses conséquences économiques, sociales et sécuritaires (ce qui est légitime au demeurant). Nous menons un combat civilisationnel de préservation de notre identité plurimillénaire menacée aujourd’hui par l’effet conjugué de l’immigration incontrôlée et de l’islam conquérant, venant percuter des sociétés européennes où les âmes vides de l’hédonisme post-68 se conjuguent avec les berceaux vides de la dénatalité.
Créativité, libertés économiques et valeur travail face à l’étatisme, à la démagogie et à l’assistanat
La France de 2022 a besoin d’une ambition économique qui consiste d’abord à retrouver ce que nous sommes. Nos racines, notre culture et notre histoire qui ont permis à la France, et plus généralement aux nations d’Europe, de rayonner pendant des siècles à travers le monde, bien mieux, bien plus efficacement qu’aujourd’hui et ce bien avant les flux numériques instantanés et les accords de libre-échange !
Le génie créateur, qu’il soit artistique, artisanal ou industriel, l’inventivité mêlée à l’audace et au risque constituent l’authentique esprit entrepreneurial, profondément ancré dans notre civilisation, avec lequel la France doit renouer. Par démagogie électorale, il est aujourd’hui confortable de faire croire que l’on pourra s’endetter encore et toujours sans jamais rembourser ni augmenter une fiscalité qui atteint pourtant déjà un niveau confiscatoire, plaçant la France parmi les pays les plus imposés du monde occidental.
L’économie française meurt depuis des décennies du socialisme, c’est-à-dire de l’étatisme sclérosant, empilant des impôts, des taxes, des normes, et des contraintes qui brident les libertés économiques et annihilent non seulement la compétitivité de nos entreprises mais l’inventivité elle-même.
Résolument du côté du travail, considérant que l’entreprise doit être un lieu de coopération et non d’affrontement, refusant la lutte des classes – qu’on lui donne des accents internationalistes ou nationaux –, considérant que la nation a besoin de tous, que l’ouvrier comme le chef d’entreprise constituent le peuple de France, nous sommes la droite de la valeur travail. Comment peut-on admettre que sur une fiche de paie, le montant mensuel finissant sur le compte bancaire du salarié représente moins de la moitié de ce qu’il coûte à son patron ? Finissons-en avec cette dérive frustrante pour le chef d’entreprise et exaspérante pour l’employé.
Face à l’étatisme, à la démagogie et à l’assistanat, Reconquête ! s’affirme comme la droite du travail, du mérite, de la liberté et des légitimes protections leur permettant de s’épanouir.
Conservatisme et bon sens commun face au progressisme qui déconstruit et détruit
Sur les questions «sociétales», ainsi nommées pour en diminuer l’importance dans le débat public et les reléguer à une sphère prétendument intime dans laquelle chacun se regarderait le nombril sans plus tenir compte du bien commun, les partis dits de droite ou du «camp national» ne cessent de fléchir. Hier pourtant, ils fustigeaient le PACS, comme une première étape vers le mariage homosexuel. Ce qu’il fut. Depuis, la gauche accumule les victoires idéologiques et leurs traductions législatives : le «mariage» homosexuel, l’adoption, la PMA sans père, l’allongement de 12 à 14 semaines du délai de l’IVG. Concomitamment, on nous impose l’écriture inclusive et la propagande LGBT dans les écoles. Les mêmes préparent pour demain l’euthanasie et la GPA. Et après ?
Face à cette vaste entreprise de déconstruction tous azimuts dont l’intensité le dispute au sectarisme, nous avons besoin d’une droite qui ne cède pas. Nous avons besoin d’une droite qui argumente et qui explique qu’il s’agit là de basculements anthropologiques majeurs et qu’il y urgence à enrayer cette spirale de la déliquescence. Se réfugier derrière «la sphère intime», prétendre laisser la société arbitrée pour se garder d’avoir à émettre un avis, se réfugier dans l’abstention ou sortir passer un coup de fil dès qu’un vote sensible intervient dans une assemblée… ce ne sont pas là des attitudes dignes de vrais responsables politiques. Sur ces questions majeures, ceux qui devraient incarner à l’Assemblée nationale l’opposition au macronisme sont trop souvent alignés sur les positions de la majorité progressiste, devenant presque l’une de ses nuances. Nos enfants paient et paieront ces petites lâchetés, ces concessions et ces renoncements.
Alors que ce qui était inimaginable encore hier est aujourd’hui érigé en dogme, il est inacceptable de se coucher ainsi devant la gauche en lui laissant le primat moral – comme si ceux qui veulent des thérapies hormonales pour des enfants ou la légalisation des mères porteuses pouvaient prétendre représenter le camp du bien !
Parce que ce sont les fondements de notre civilisation qui sont en péril, Reconquête ! s’affirme comme une droite conservatrice et qui s’assume. Être conservateur ne consiste pas à regarder en permanence dans le rétroviseur ou chérir une vision nostalgique. Nous sommes conservateurs car nous savons que nous ne sommes pas propriétaires mais dépositaires d’un héritage immense. Oui, l’autorité politique a pour mission la conservation de cet héritage et sa perpétuation, tout comme la protection des plus faibles de la communauté: elle doit valoriser les familles, sans lesquelles il n’est pas d’ordre social, plutôt que de céder aux caprices d’une minorité d’adultes revendiquant ce qui s’apparente à un véritable droit à l’enfant au détriment des droits fondamentaux de l’enfant qui doivent être protégés par la société. Elle est là l’authentique écologie, à rebours d’une prétendue écologie tournée contre l’Homme qui n’est qu’une énième version d’une même pulsion à la fois totalitaire et suicidaire.
Sans porter de jugement outrancier ni prétendre que les partis politiques existants n’auraient que des défauts et aucun mérite, nous pouvons en revanche affirmer que Reconquête ! et son projet n’ont pas d’équivalent en tant que vraie force de droite civilisationnelle défendant notre identité, les libertés économiques et un conservatisme assumé. Cette ligne politique singulière justifie l’existence autonome de notre mouvement.
Reconquête ! est non seulement utile dans le débat public et la compétition électorale, mais surtout nécessaire.